Témoignages :
« J’ai été soignée pour dépression, et en même temps que je m’en sortais, je suis devenue anorexique » ;
« Maintenant que j’ai retrouvé un poids normal, je ressens une tristesse terrible. Je crois que je préférais encore l’anorexie » ;
« Plus ça allait bien avec mon ami, plus j’étais malade ».
En tant que tentative d’échapper à l’angoisse, par la recherche (illusoire) d’une autosuffisance affective, le TCA est paradoxalement utile au malade.
C’est pour cela que malgré toutes les souffrances qu’il engendre, les malades s’y accrochent farouchement, alors même qu’ils voudraient tant s’en sortir.
Ce besoin de maîtrise fait penser à l’enfant qui voudrait être « le chef », parce que le monde qui l’entoure est tellement vaste qu’il a besoin d’avoir l’impression d’avoir un minimum de prise sur lui.
C’est en vivant avec le monde qui l’entoure, et non en combat contre lui, que l’enfant grandira et trouvera sa place. A l’inverse, s’il s’enferme dans une volonté farouche de dominer son environnement, il vivra de plus en plus difficilement les aléas qui ne manqueront pas de ponctuer sa vie.
De la même manière, les patients atteints de TCA, impuissants à maîtriser le corps qui change, le temps qui passe, l’incertitude, cherchent désespérément un rocher où s’accrocher. Pour être sûrs de maîtriser quelque chose (anorexie) ou pour se consoler (hyperphagie, boulimie).
Tout le travail thérapeutique consistera à les amener à davantage de tranquillité, vis-à-vis d’eux-mêmes comme vis-à-vis du monde environnant. Afin de pouvoir vivre avec lui et non contre ou malgré lui.
Tant que les bénéfices secondaires du symptôme seront plus importants que ses effets négatifs (principalement isolement social et difficultés cognitives), aucun malade ne trouvera intérêt à se soigner. C’est pourquoi il faut malheureusement parfois toucher le fond pour vouloir remonter.