Nourriture, besoin et plaisir - troubles des comportements alimentaires
16265
page-template,page-template-full_width,page-template-full_width-php,page,page-id-16265,ajax_fade,page_not_loaded,,qode-title-hidden,qode_grid_1200,footer_responsive_adv,qode-theme-ver-10.1.1,wpb-js-composer js-comp-ver-5.0.1,vc_responsive

Le corps et l’alimentation

besoins et plaisir

La nourriture, source de plaisir et besoin vital quotidien

 

L’obsession originelle est le corps lui-même (intérieur et extérieur)

Se nourrir n’est pas un acte neutre, même s’il parait banal. Chargé de symbolisme dans toutes les cultures, la nourriture prend néanmoins une signification particulière chez les malades atteints de TCA.

Le TCA est au carrefour de l’obsession (idées qui s’imposent à soi sans qu’on puisse les contrôler même si on les trouve folles) et de l’addiction (besoin compulsif d’assouvir une envie).

 

Mais autant on peut vivre sans alcool ni cigarette, essayer de travailler moins ou arrêter de jouer, autant il est impossible de supprimer la nourriture de sa vie – contrairement à ce dont rêveraient certains malades. Il faut donc « faire avec » tous les jours, tout au long de la journée. Faire avec un problème qui mobilise la pensée au point d’entamer son efficacité, envahit l’emploi du temps, parasite la vie sociale.

 

Comme me disait un jour une patiente : « chaque jour qui commence, c’est la guerre qui reprend ». D’autant que la société de consommation et ses paradoxes n’aident pas à clarifier les choses.

Une guerre guidée, notamment, par un objectif inconscient : empêcher de penser.
En effet, tant que le malade focalise son attention sur son corps, il est à l’abri de ses émotions et des idées négatives (vide intérieur, « nullité », inutilité, honte…). Tout l’enjeu de la thérapie consistera à développer des idées alternatives (permettant de renfocer l’estime de soi notamment), et à travailler sur la régulation émotionnelle. De là, il sera possible de laisser le corps plus en paix.

 

Car le corps, s’il est un exutoire à l’angoisse, ne permet pas de l’évacuer, et les TCA s’accompagnent très souvent d’autres troubles, comme par exemple les phobies (phobie sociale notamment), parfois gravement invalidantes.

La manière de se nourrir impacte le corps dans toutes ses dimensions : la place qu’il prend dans l’espace comme le poids qu’il pèse, l’aspect qu’il donne comme son fonctionnement interne, son rôle dans les rapports aux autres et à soi.
Or chaque occasion de se nourrir est l’occasion de se rappeler ce corps. Pas étonnant qu’un rapport compliqué au corps complique le rapport à l’alimentation.

Concrètement, le trouble du rapport au corps porte sur :

  • ses formes : le regard de l’autre, en jouant un rôle excessif, fait porter au corps une responsabilité énorme dans l’image (et l’estime) de soi. En même temps, le corps est diabolisé parce que, surinvesti, il est trop séducteur.
  • son métabolisme : sous l’effet d’une sorte de confusion entre besoin organique et besoin affectif, les questions d’ingestion (faire entre dans son corps) et d’expulsion (ne rien garder) prennent une valeur symbolique démesurée.
  • sa vie propre : le besoin de maîtrise sur le cours de la vie transforme le corps en véritable martyr de la pensée.