Le mensonge, compagnon de la pulsion - troubles des comportements alimentaires
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Le mensonge

compagnon de la pulsion

La pulsion

Je suis incapable de réguler mon envie de manger, ou au contraire mon dégoût de manger. Je crois pouvoir contrôler (anorexique), faire des efforts (boulimiques), mais je n’arrive pas à lutter contre quelque chose qui s’impose à moi, plus fort que moi.

La pulsion génère une souffrance d’autant plus grande que le malade a conscience de son caractère irrationnel. Plus elle envahit le quotidien, plus elle se traduit par l’incapacité à vivre comme les autres. Or quoi de plus quotidien – et même pluri-quotidien – que l’alimentation ?

Quand la pulsion se fixe sur l’alimentation, sa capacité de nuisance devient redoutable, chaque jour qui commence ouvrant une nouvelle guerre entre le patient et lui-même.

Le mensonge

  • Aux autres : « je n’ai pas d’autre choix pour avoir la paix ».
  • A soi :

Le mensonge devient rapidement le lot quotidien de toute personne atteinte de TCA, qu’il s’agisse de dire qu’on a mangé ou au contraire pas mangé, pour deux raisons :

  • parce que la vérité rendrait la vie quotidienne impossible pour l’entourage, et par ricochet pour le malade lui-même. Si les proches savaient réellement ce que le malade vit, ils pourraient en tomber eux-mêmes malades d’angoisse !
  • parce que le mensonge permet au malade d’avoir les comportements dont il a psychiquement besoin (utilité du symptôme).

Pour les anorexiques, comme pour les hyperphagiques, le mensonge s’appuie sur un déni de la réalité (« je mange comme tout le monde »), mais il finit par buter sur les conséquences visibles de la maladie (amaigrissement/ obésité).

Pour les boulimiques anorexiques ou à poids normal, en revanche, le mensonge peut s’enraciner beaucoup plus durablement, car il est doublement stimulé :

  • par le côté magique de la purge, qui est un mensonge « par action » (un acte en efface un autre)
  • par la très forte culpabilité que les pertes de contrôle engendrent

Face au mensonge, il faut toujours signifier au malade qu’on est lucide sur la réalité, sans pour autant vouloir absolument la lui faire accepter.

Ne pas l’obliger à être honnête, mais bien montrer qu’on ne partage pas son mensonge.

L’anorexique certaine de s’en sortir seule en se maintenant au poids qu’elle a décrété idéal ; la boulimique qui a trouvé la solution idéale en se purgeant ; l’hyperphagique-boulimique qui court les diététiciens et endocrinologues, se plaignant de grossir rien qu’en regardant un morceau de chocolat….

Si l’on excepte les véritables cas de troubles métaboliques, qu’il n’est JAMAIS inutile d’investiguer, l’être humain est doté, pour l’alimentation, d’un système d’autorégulation, où tous les signaux sont en place pour lui rappeler ses besoins vitaux (sensations de faim, de soif), ses excès ponctuels (digestion difficile, crise de foie…) ou répétés (prise de poids, cholestérol…), ses manquements (amaigrissement…), sa fragilité (gastroentérites, « tourista »…).

L’un des aspects non négligeable des TCA est la difficulté d’entretenir une relation réaliste à son corps (qui a ses avantages et ses inconvénients), prié de se plier aux besoins psychiques. D’où le mensonge à soi-même : des anorexiques qui veulent maintenir un poids inférieur à leur poids de forme ; des boulimiques-anorexiques qui nient les effets de l’alimentation et/ou des purges sur leur organisme ; des boulimiques-hyperphagiques qui mangent sans pouvoir tenir compte des effets d’une suralimentation sur l’organisme.