Les victimes de TCA sont à la recherche désespérée, et plus ou moins consciente, d’une autosuffisance affective. La maladie les coupe donc, assez logiquement, des autres, sans pourtant qu’elles y trouvent satisfaction. Dans un premier temps, l’isolement les soulage de l’angoisse générée par la relation à l’autre. Mais rapidement, il les enferme dans une solitude qui n’était pas non plus souhaitée.
Les malades s’aperçoivent ainsi que la solution qu’ils pensaient avoir trouvée est un leurre, vouée à l’échec, à la déception, et finalement à la perte d’estime de soi.
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Si « l’enfer, c’est les autres » (Sartre), l’enfer, c’est aussi l’absolue solitude. Celle de Robinson, sur son île, qui se laisse mourir avant que l’instinct de survie le ramène au combat.
Renvoyé exclusivement à lui-même, il doit toucher le fond du désespoir pour ne plus vouloir se laisser mourir.
Ce parallèle vient parfois à l’esprit lorsqu’on rencontre des patients souffrant de TCA. La solitude revient comme un leitmotiv dans la motivation à se soigner, avec la culpabilité de faire souffrir les autres (qui n’est qu’une autre facette de la solitude).
L’instauration d’une relation thérapeutique représente alors la première étape vers la sortie de l’isolement. C’est pour cela que sa mise en place, puis sa consolidation, et sa poursuite dans le temps constituent en soi des étapes vers la guérison.
La coupure d’avec la famille a longtemps été pratiquée quasiment comme un dogme dans les hospitalisations pour TCA. L’objectif était d’abord de mettre le malade à l’écart d’un milieu d’origine considéré comme facteur de trouble (ou du moins entretenant le trouble) ; mais aussi de le motiver à la guérison en levant l’isolement à mesure des progrès thérapeutiques.
Outre que l’adhésion aux soins, dans cette optique, ne repose pas sur des bases très authentiques (mais il faut parfois user de moyens radicaux dans certains cas graves), on peut s’interroger sur l’efficacité de cette pratique :
Aujourd’hui, la plupart des établissements pratiquent toujours la séparation d’avec les proches, au moins dans la phase initiale de l’hospitalisation. Très soulageante pour certains, cette méthode est mal acceptée par d’autres. Elle s’inscrit de toute façon dans un cadre thérapeutique pensé de manière globale au sein d’un contrat de soins signé avec un patient consentant.