La question de l’alimentation occupe une place d’autant plus démesurée qu’elle porte sur un besoin vital quotidien
L’obsession originelle est le corps lui-même (intérieur et extérieur)
Le TCA est au carrefour de l’obsession (idées qui s’imposent à soi sans qu’on puisse les contrôler même si on les trouve folles) et de l’addiction (besoin compulsif d’assouvir une envie).
Mais autant on peut vivre sans alcool ni cigarette, essayer de travailler moins ou arrêter de jouer, autant il est impossible de supprimer de sa vie la question de la nourriture, comme en rêveraient certaines malades. Il faut donc « faire avec » tous les jours, tout au long de la journée. Avec un problème qui mobilise la pensée au point d’entamer son efficacité, envahit l’emploi du temps, parasite la vie sociale.
Comme le disait une patiente : « chaque jour qui commence, c’est la guerre qui reprend ».
Cette guerre est guidée, notamment, par un objectif inconscient : empêcher le vagabondage de la pensée, en absorbant un maximum d’énergie psychique. En effet, tant que le malade focalise son attention sur son corps, il est à l’abri de ses émotions comme de la réflexion, lesquelles l’amènent souvent à un sentiment très vif de vide intérieur, de « nullité », d’inutilité.
Mais le plus souvent, cette tentative de se défendre contre ses pensées ne suffit pas à évacuer les angoisses, et les TCA s’accompagnent très souvent d’autres troubles, comme les phobies par exemple (phobie sociale notamment), parfois gravement invalidantes.
La manière de se nourrir impacte le corps dans toutes ses dimensions : la place qu’il prend dans l’espace comme le poids qu’il pèse, l’aspect qu’il donne comme son fonctionnement interne, son rôle dans les rapports aux autres comme dans le rapport à soi. Chaque occasion de se nourrir étant l’occasion de se rappeler ce corps, il n’est pas étonnant qu’un rapport tourmenté au corps puisse générer un rapport tout aussi tourmenté à l’alimentation.
Concrètement, le trouble du rapport au corps porte sur :