De nombreux auteurs ont tenté de définir le « normal ». Les uns par opposition au pathologique (être normal = ne pas être malade), d’autres par différence avec le normatif (être normal n’est pas forcément être comme les autres), d’autres encore par des critères statistiques (être normal = être dans la moyenne d’une population sur tels ou tels critères), d’autres encore en pointant son caractère relatif (être normal ici et maintenant # être normal ailleurs et dans un autre temps), d’autres enfin par référence à un idéal (être normal = être parfait)…
Pour un psychothérapeute, la normalité fait avant tout référence à la notion d’adaptation.
L’être humain étant constamment soumis à l’imprévu, au changement, au mouvement, à l’incertitude, la normalité renvoie à la capacité à faire face aux difficultés externes comme à ses propres « miasmes » psychologiques, sans pour autant s’en trouver déstructuré.
Comme tout être vivant, l’homme doit s’adapter sous peine de risquer d’être emporté par l’environnement. Il en va de son adaptation corporelle comme de son adaptation psychique : le risque est le même.
Les tentatives d’accrochage à l’inchangé, ou l’incapacité, au contraire, à ne pas se laisser emporter par les événements peuvent en quelque sorte résumer la maladie psychique. A contrario, la bonne santé mentale pourrait être une perméabilité permettant d’intégrer le cours de la vie (le temps qui passe, la chance ou la malchance, les rencontres, les hasards…), à sa manière et dans une cohérence suffisante avec les autres, « et en se réservant le droit de se comporter de façon apparemment aberrante dans des circonstances exceptionnellement anormales » (Jean Bergeret, in Psychologie pathologique – Ed. Masson)
Dans cette optique, le bien-portant n’est « surtout pas un malade qui s’ignore » (Bergeret).